Contrairement à ce qui était prévue au lancement du projet, la deuxième phase du processus de construction du marché régional d’électricité de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) est reportée en 2022, au lieu de 2021. Ceci, du fait de la crise sanitaire liée à la maladie à Coronavirus (Covid19). C’est du moins l’annonce faite par le président de l’Autorité de régulation régionale du secteur de l’électricité de la CEDEAO (ARREC), Professeur Honoré BOGLER, le 14 décembre dernier, à Accra au Ghana, à la faveur de la cérémonie d’ouverture d’un atelier de renforcement de capacités des responsables des services de communication des organes de régulation des pays membres de l’organisation sous-régionale.
Faisant suite au fait qu’il est observé dans l’espace CEDEAO un taux d’accès à l’électricité assez bas : environ 30% seulement des 340 millions des habitants de l’espace communautaire ont accès à l’électricité ; et ce, en dépit des potentiels énergétiques assez importants existants dans la sous-région ; les chefs d’Etats des pays membres de la CEDEAO ont décidé de mutualiser leurs efforts et moyens en vue de réaliser, dans une approche d’économie d’échelle, des infrastructures à même de répondre au besoin des populations de disposer de l’énergie électrique durable à moindre coût. « Convaincus que la mutualisation des moyens est la solution pour inverser la tendance et mettre de l’énergie électrique durable à moindre coût à la disposition des populations de l’espace communautaire, explique M. Oumar BANGOURA, expert juriste à l’ARREC, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont adopté des mesures fortes ». Au nombre de celles-ci poursuit-il, figurent l’adoption du traité révisé de la CEDEAO en 1993, l’adoption d’un plan directeur régional d’électricité, la création de l’organe de régulation régionale du secteur de l’électricité, etc.
Une fois l’ensemble de ces mesures et mécanismes mis en place, l’ARREC et les autres institutions impliquées dans le processus de création du marché régional, notamment le West African Power Pool (WAPP) ont procédé au lancement de la première phase de celui-ci, en juin 2018 à Cotonou au Bénin.
Au cours de cette première phase, les contrats bilatéraux entre les producteurs et les distributeurs d’énergie ou entre les distributeurs et les transporteurs, signés antérieurement à la date du lancement de la première phase du marché, demeurent en vigueur. Par contre, au cours de la deuxième phase du marché (initialement prévue donc pour 2021), les nouveaux contrats que les uns et les autres auront à signer devront respecter un canevas proposé par l’ARREC et validé par l’ensemble des acteurs du marché régional.
Une troisième phase du processus est prévue. Au cours de celle-ci, le marché aura atteint son summum et donc totalement libéralisé. Un consommateur (notamment les industries du secteur de l’électricité et les grandes entreprises consommatrices d’énergie) remplissant des conditions techniques préalablement définies et situé dans un pays donné de la sous-région, pourra librement s’adresser à un producteur quelconque du marché pour se faire livrer son besoin en énergie, à un coût qu’ils auront négocié comme cela se fait sur les marchés boursiers.
En annonçant le report de la date de lancement de la seconde phase du marché régional de l’électricité de la CEDEAO, le président de l’ARREC a pris le soin d’indiquer que l’ARREC entend au cours des prochains mois exécuter un programme d’information et de sensibilisation des parties prenantes du marché de façon à s’assurer que toutes ont une bonne connaissance des mécanismes et opérations du marché.
L’ARREC est une institution spécialisée de la CEDEAO créée en 2008 et basée à Accra au Ghana. Elle a entre autres pour missions de : réguler les échanges transfrontaliers d’énergie électrique entre les Etats membres de la CEDEAO, tout en veillant à la mise en œuvre des conditions permettant d’en assurer la rationalisation et la fiabilité ; contribuer à la mise en place d’un environnement réglementaire et économique favorable à la mise en place du marché régional ; veiller au respect du principe du libre transit de l’énergie électrique conformément aux dispositions de l’article 7 du Protocole sur l’énergie ; établir et mettre en œuvre des procédures efficaces de règlement des différends entre les acteurs du marché régional et en contrôler la bonne application ; assurer une bonne communication entre les différents acteurs du secteur.
DMK