Apparu dans les années 90 au Bénin, le métier de conducteur de taxi- moto a gagné le Togo entre 1992 et 1993 au moment de la grève générale illimitée. Nommé au Togo « zemidjan » ou « zed », le secteur regorge aujourd’hui des milliers togolais.

Exercé par 215.000 togolais (rapport d’une étude du collectif des organisations syndicales des taxis motos du Togo COSTT), le Zémidjan est une activité très en vogue chez la couche jeune de la société togolaise. Des agents de l’administration et d’autres travailleurs du secteur privé s’y mettent les soirs et les weekends afin de colmater les brèches en attendant le virement des rémunérations mensuelles.

« Je suis un cadre A1 mais ce que je gagne par mois ne suffit pas, en revenant du service, je fais one two, one two pour joindre les deux bouts », a déclaré un agent de l’administration d’État qui a préféré garder l’anonymat.

Les étudiants ne sont pas du reste en ce qui concerne le métier de taxi -moto. Beaucoup sont ceux parmi eux qui l’exercent afin de supporter le coût élevé  des études universitaires. « Depuis la première année, j’exerce le Zémidjan afin de subvenir à mes besoins comme les frais de photocopies, de TD », a confié Agossou Serge, étudiant en troisième année à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG) à l’Université de Lomé.

Cette activité, malgré qu’elle permette à plusieurs togolais en majorité des jeunes de joindre les deux bouts et de s’occuper de leur famille, comporte des risques comme: les vols de motos, les braquages à mains armées et les accidents de circulation avec beaucoup de pertes en vie humaine. Illustration, selon le rapport du premier semestre de cette année présenté par le ministère de la sécurité et de la protection civile, on enregistre 3.178 accidents occasionnant 4.483 blessés et 354 décès dont 135 provoqués par les motos.

De plus, l’un des problèmes majeurs qu’on retrouve chez ceux qui font cette activité, c’est la non maîtrise du code de la route et la prise de stupéfiant (tramadole, marijuana, …) par bon nombres d’entre eux, particulièrement les jeunes.

Par ailleurs, les conséquences de ces interminables courses à moto ont des répercussions sur la santé des hommes qui la pratique et parfois sur leur vie de couple. « Ce métier fatigue beaucoup mon mari, ce qui entraîne des douleurs au niveau de ses muscles et de son rein. Ça fait qu’il n’arrive plus à me satisfaire correctement au lit », a laissé entendre akwavi, dont le mari exerce ce métier depuis plusieurs années.

Le métier nourrit-il son homme ? Les avis sont partagés. Pour Koudjo, c’est un métier qui est rentable à condition de disposer d’un engin en bon état et que les Dieu de la mécanique soient en votre faveur. « Avec 2 litres d’essence, j’arrive à gagner au moins 7 voire 8.000 (f cfa) par jour. Mais cela est possible si la moto est en bon état et si elle ne tombe pas en panne régulièrement », a-t-il déclaré.

De son côté, Komlangan est un peu mitigé dans ses propos. « Ce métier donne mais pas trop, surtout avec l’état de nos route et le nombre de personnes qui le font, c’est difficile de gagner beaucoup d’argent ».

Le Zémidjan demeure toujours dans le secteur informel malgré les mesures prises par l’État via la Délégation à l’Organisation du Secteur Informel (DOSI), en vue d’accompagner progressivement ce corps de métier vers la formalisation.

Vivement que le processus s’accélère pour faire de cette activité un métier digne qui bénéficierait des accompagnements comme les couvertures sociales (assurance maladie …)

Komla AKPANRI

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