Après les ouvrages : Le Rôle de la Cour Pénale Internationale en Afrique (2014), L’autorité électorale à l’épreuve de l’alternance démocratique au sommet de l’État (2015), 55ans de vie constitutionnelle au Togo (2016) et J’AFFIRME : De l’interpellation d’une classe politique apparemment dénuée d’empathie (2018), MohamedMADI DJABAKATE, politologue de son état, vient de faire paraître un nouvel Essai au titre original et évocateur : LE PROPOSANT : Discours sur le désenchantement politique au Togo. Le premier constat c’est que désormais il n’y a plus l’auteur Mohamed MADI DJABAKATE mais l’auteur Papa Khadidja. Avec le PROPOSANT, ce nom Papa Khadidja que nous avons découvert comme signataire des Messages aux Cousins du Vendredi est désormais officialisé.

En avant-propos de l’ouvrage de Papa Khadidja, a été cité un poème de l’homme de la transition, Me Joseph Kokou Koffigoh, qui selon l’auteur est un avant-goût qui cadre bien avec le contenu de l’ouvrage et dont la lecture l’a encouragé à poursuivre la rédaction dudit Essai. Le poème en question intitulé « Le congrès des souris » a été adressé par l’avocat poète à Jean de La Fontaine le 27 décembre 2018. A l’occasion de ce congrès on parvient à la conclusion selon laquelle « On trouvera toujours des hommes courageux qui savent bien parler ; mais quand il faut agir, on peut toujours chercher on en trouvera peu ».

Au-delà de Me Koffigoh au niveau de l’avant-propos, le PROPOSANT a été l’occasion de voir à l’écrit l’une des personnes ressources du Togo que l’on a plus l’habitude d’écouter que de lire. Peter Dogbé, préfacier de l’ouvrage après s’être plié à l’exercice dela lecture du manuscrit a articulé son analyse en deux points : le premier permettant de constater un dirigisme volontaire ou non dans la gestion de l’information, et de sa circulation absolument verticale, voire descendantale, au Togo ; le second sur le déficit de réflexion de l’élite togolaise qui tire ses sources de certains événements traumatisants qui caractérisent le passé récent de notre histoire du vivre ensemble. Il termine sa préface par une invitation à deviser avec les réflexions fécondes de Madi Djabakate Mohamed dans l’attente de contempler l’azur du ciel que voilent les nuages.Peter Sassou Dogbé, Journaliste correspondant de Radio France Internationale (RFI) au Togo, n’a pas manqué de relever cette forte imbrication entre les hommes politiques et les acteurs de la société civile.

L’Essai proprement dit est fondé sur trois piliers reliés entre eux à l’image d’un triangle scalène. C’est pourquoi dans l’ouvrage, Papa Khadidja est revenu sur les « raisons pour lesquelles le statu quo togolais va se perpétuer si les uns et les autres continuent de se comporter comme ils le font présentement. Il est scientifiquement prouvé que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le statu quo actuel s’explique par la dérive populiste des principaux acteurs politiques (chapitre 1) et l’option de la classe politique pour le débat en lieu et place du dialogue qui est fortement recommandé (chapitre 2). Le tout dans un contexte où la société civile perd ses repères en s’inféodant aux acteurs politiques du fait de la perpétuation d’une justice sélective favorisant l’impunité, occasionnant ainsi des défis liés aux droits fondamentaux des citoyens (chapitre 3) ».

Mohamed MADI DJABAKATE, politologue.

Dans cet ouvrage de 112 pages, l’auteur a mis l’accent sur les dérives populistes du pouvoir et de l’opposition qui ont axé leurs stratégies sur le chantage.Papa Khadidja relève d’entrée de jeu au niveau du premier chapitre qu’ « Entre un pouvoir qui crie depuis toujours aux réformes mais avec un effet différé et une opposition qui crie maintenant aux réformes avec application immédiate, même si au début elle parlait d’effet rétroactif, il faut comprendre que chacun fait le branding des reformes mais sur le fond au moment où l’opposition cherche à sortir Faure Gnassingbé de la course, lui et son groupe parlent plutôt de sa présence sur la ligne de départ. En réalité tous font le chantage des émotions populaires alors que le nœud du problème réside dans la sincérité des opérations électorales. C’est toute cette ambiguïté intégrant des manipulations cyniques de la rhétorique péroniste, incarnée désormais par les ministres Yark et Bawara pour ne citer que ces deux, à l’humilité des narodniki, incarnée par Dame Adjamagbo, les sieurs Tikpi et Fabre pour ne citer que ces trois-là, tous axés sur un antiélitisme visant à faire de l’autre camp la menace du bien vivre ensemble ». Au fur et à mesure que la lecture se poursuit, on réalise que Papa Khadidja a plus de la matière que ce qu’il étale le plus souvent lorsqu’il est invité sur les plateaux radios et télés. Sans chercher à vider l’œuvre de son contenu, un extrait de la conclusion permet de mieux comprendre pourquoi l’ouvrage est intitulé LE PROPOSANT. Pour l’auteur, « gagner ou perdre une guerre ne se fait pas par hasard, ni par l’intervention des dieux ou des esprits. C’est une question de méthode et de stratégie. Un raisonnement par analogie nous pousse à conclure que depuis la conférence nationale, l’opposition n’a pas été en mesure de développer une méthode ou une stratégie permettant de prendre à contre-pied l’élite au pouvoir et chargée de la coordination civilo-militaire. Plus loin, on peut prendre le risque de tirer la conclusion selon laquelle depuis les années 90 les leaders du multipartisme ne se sont pas donnés la peine de méditer en permanence sur certaines choses primordiales : le but qu’ils se proposaient en choisissant de rompre avec le système du parti unique ; les expériences positives ou négatives acquises au cours de plus de 25 ans d’engagement ; les déclarations des différents acteurs et analystes politiques dont ils ont eu connaissance au plan national comme international ; les lacunes personnelles dont ils se sont rendus compte au fil du temps ; et les appuis éventuels ou opportunité qui pourront leur permettre d’arriver à leurs fins. Bref au-delà de la légitimité de la cause défendue, c’est l’ensemble des méthodes et stratégies pour matérialiser cette légitimité ».L’auteur Mohamed MADI DJABAKATE d’alors, Papa Khadidja d’aujourd’hui n’a pas manqué de souligner les limites de la résolution du conflit togolais sous l’égide d’une facilitation de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Il est difficile de parler du PROPOSANT sans se rappeler de la citation en début de l’ouvrage. Avec la particularité qui est la sienne, l’auteur fait recours à JEAN-FRANCOIS MARMION pour désamorcer la tension de façon provocante afin que les lecteurs aillent au bout de la lecture de l’ouvrage avant de commencer par critiquer l’auteur sur leurs points de divergence. Comme le dirait un ancien étudiant de la fac de droit, la citation de JEAN-FRANCOIS MARMION est claire comme l’eau de roche : « Le comble du con, c’est qu’il est parfois intelligent, cultivé en tout cas : il brûlerait bien des livres, et leurs auteurs avec, au nom d’un autre livre, d’une idéologie, ou de ce que lui ont appris de grands maîtres (cons ou non), tant il a le chic pour transformer sa grille de lecture en barreaux de cage ».

Comme Peter Sassou Dogbé, vous ne pouvez vous faire une idée qu’après avoir pris la peine de lire et relire le PROPOSANT. Car en dépit de ses efforts pour être simple et accessible à tous, le style soutenu qui caractérise notre politologue revient au galop.

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