Le mouvement des Forces Vives Espérance pour le Togo invite le gouvernement à suspendre les dates fixées pour la révision des listes électorales dans le cadre des élections présidentielles de 2020.
Le mouvement coordonné par le révérend père, Pierre Marie-Chanel Affognon a au cours d’une conférence de presse animée ce mercredi 13 novembre, invité tous les acteurs animé par le désir de l’alternance de tout mettre en œuvre pour obtenir l’audit du fichier électoral et la reconstitution d’un nouveau fichier fiable gage d’une élection transparente.
CONFERENCE DE PRESSE DU 13 NOVEMBRE 2019
DECLARATION LIMINAIRE
Depuis plus d’une décennie la vie politique dans notre pays est scandée par des élections et celles-ci, loin d’apporter une solution à notre malaise, ne font que le prolonger. Ce qui pose problème ce ne sont pas les élections comme mode de désignation d’un candidat et de régulation de la Nation mais les conditions desdites élections.
Au mois de mai de cette année, les Togolais ont tenté de se faire inscrire sur les listes électorales car ils avaient été appelés à le faire les 17 et 18 mai 2019. Avec leur bonne volonté habituelle, les citoyens togolais se sont pliés à cette demande. Mais cela a été pour
eux occasion de bien des souffrances : attentes interminables, machines non disponibles ou
en panne, multiples aller-retour entre le domicile et le centre de recensement, toutes tracasseries endurées pour qu’à la fin un grand nombre d’entre eux n’ait tout de même pas réussi à se faire recenser malgré la journée du 19 mai ajoutée par le Gouvernement lui-même.
Et voilà qu’à peine six mois après, nous apprenons par un courrier en date du 25 octobre 2019 émanant du président de la CENI pour demander la mise à disposition de salles de
classes qu’« Il est prévu une révision des listes électorales sur toute l’étendue du territoire national, du 29 novembre au 1er décembre 2019 ».
Sachant que dans le processus électoral rien ne peut se décider en dehors du Gouvernement, si ce que dit ce courrier était vrai, cela relèverait de la part du Gouvernement, au minimum d’un manque d’égard, pour les citoyens : en effet comment recommencer cette opération qui s’est révélée désastreuse, sans un mot pour tous ceux qui ont souffert en mai, pour tous ceux qui n’ont pas pu s’inscrire, sans garantie que cela
se passera dans de meilleures conditions ? Pour quelle fin toutes ces actions de révision
alors que le fichier source est en soi problématique ?
Si le Gouvernement se prépare véritablement à recommencer l’opération de révision des
listes électorales en trois jours à la fin du mois de novembre 2019, dans la mesure où leçon n’a pas été apprise des dernières échéances électorales, le Mouvement des Forces Vives
Espérance pour le Togo, constate que nous revenons à une situation similaire à celle qui avait précédé les législatives de décembre 2018, car à l’époque :
– toutes les démarches entreprises auprès du Gouvernement togolais, par les partis politiques participant au dialogue, par la société civile, par les représentants des religions pour obtenir des réformes avant les élections, n’avaient eu aucun résultat ;
– malgré l’insistance d’Espérance pour le Togo, malgré les demandes répétées des partis politiques et des organisations de la société civile, aucun acteur de la vie sociopolitique togolaise, n’avait pas pu obtenir auprès du Comité de suivi de la CEDEAO, le rapport de l’audit du système électoral effectué par les experts.
Aujourd’hui, nous ne pouvons donc que reprendre mot pour mot ce que nous avions dit dans notre déclaration du 10 décembre 2018 : «Ce qui est en jeu actuellement ce n’est pas
une affaire de partis politiques mais un problème de toute la Nation. »
– Oui c’est l’affaire des partis politiques, parce que la compétition n’est pas saine, si tous les électeurs potentiels de tous les partis ne peuvent pas prendre part au vote et donc désigner en vérité leur candidat ;
– Oui, c’est l’affaire de tous les candidats, car comment se convaincre de la victoire ou
de la défaite aux élections si le fondement même de cette issue des élections est faussé par le fait que chaque électeur en âge de voter n’a pas pu mettre son bulletin dans l’urne ;
– Finalement c’est l’affaire de toute la nation, y compris les citoyens qui ne sont pas sur le territoire national, c’est l’affaire de tout le peuple togolais, parce qu’aucun peuple ne peut accepter d’être ainsi pris en otage par une partie des citoyens qui ne reculent devant rien pour toujours gagner toute élection.
Dans la vie d’une Nation, il arrive un temps où on doit avoir la volonté de bien faire les choses en posant des bases saines. C’est pourquoi, le Mouvement des Forces Vives Espérance pour le Togo, exige que le Gouvernement renonce à un processus électoral mené de façon unilatérale pour un consensus avec tous les acteurs de la vie sociopolitique du pays.
Ce consensus doit porter essentiellement sur un délai raisonnable pour l’organisation d’un
recensement devant conduire à l’établissement d’un fichier électoral conforme aux normes internationales et tenant compte des réalités du pays.
Il s’agira de prévoir en amont des dispositions en vue de faciliter l’enrôlement des électeurs :
– établissement des cartes nationales d’identité ;
– établissement des cartes consulaires ;
– appel d’offres pour les kits et les techniciens destinés à accompagner le processus d’enrôlement des électeurs.
Il s’agit ensuite de mettre en place une organisation administrative pour éliminer doublons et personnes décédées du fichier existant.
Il s’agit enfin de procéder à un enrôlement des citoyens avec toutes les garanties de transparence indispensable à l’équité des élections qui suivront ; cela signifie :
– une CENI et ses démembrements (et leurs équivalents dans les ambassades) indépendants ;
– des observateurs internationaux accrédités ;
– des observateurs nationaux accrédités, en l’occurrence une plate-forme d’observation de la société civile ;
– la garantie donnée à tout citoyen d’exercer une surveillance de l’enrôlement des
citoyens sur les listes électorales.
Enfin le recensement devra être clôturé par une période où les citoyens pourront consulter
les listes pour les dernières corrections.
Toute élection crédible, transparente et juste commence par l’existence d’un bon fichier
électoral.
« Espérance pour le Togo », se réserve le droit d’appeler à toute action allant dans le sens
de ses exigences et de soutenir toutes les initiatives, qu’elles viennent des organisations de
la société civile ou des partis politiques, dès lors qu’elles sont des initiatives qui luttent contre
le coup de force électoral en préparation et qu’elles sont conformes à nos principes spécialement celui de la non-violence.
Dans ce sens, nous tenons à féliciter le groupe parlementaire NET-PDP, pour sa courageuse prise de position contre la réforme du code électoral adoptée le 5 novembre 2019, et particulièrement contre la disposition exigeant des membres de la diaspora désireux de
participer au vote de détenir un passeport valide et une carte consulaire depuis au moins six
mois.
Dans la mesure où nous n’avons jamais vraiment eu un fichier électoral en bonne et due
forme depuis 2007, les citoyens réunis dans le Mouvement des Forces Vives Espérance pour
le Togo, en appelle à tous, candidats et potentiels électeurs, organisations et personnes défendant les Droits de l’Homme, les citoyens de toutes les confessions religieuses, toutes
personnes de bonne volonté, de se mobiliser pour l’obtention d’un fichier électoral fiable, élément incontournable pout toute élection crédible, de s’impliquer dans cette revendication dont dépend l’instauration d’une paix durable dans notre pays.
Pour la paix sociale et le développement durable du Togo, travaillons tous ensemble pour
des élections justes, crédibles et transparentes.
Fait à Lomé le 13 novembre 2019
Maryse QUASHIE
Porte-parole de la Coordination du Mouvement des Forces Vives Espérance pour le Togo.