Papa Kadjidja Adresse un nouveau Message aux cousins et cousines le lundi 03 Août 2020.

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MESSAGE AUX COUSINS DU 03 AOUT 2020
Chers Cousines et Cousins,

J’espère que vous avez eu un bon week-end. Le mien a été aussi paisible et je rends grâce.
Je voudrais également saisir l’opportunité d’un message aux Cousins en début de semaine pour vous souhaiter une bonne semaine de travail.
Une fois de plus je voudrais manifester ma non adhésion au Groupe Populaire des adeptes du Syndrome du Sourd Muet (SSM) en abordant un sujet que certains disent « glissant », « sensible » ou même « non avéré ». Je veux parler de la question ethnique.

Chers Cousines et Cousins,

Un gougnafier a écrit que « Papa Khadija est un personnage qui se dit défenseurs des droits de l’homme. C’est celui qu’on appelle Madi Djabakacté, qui soutient cette cabale contre les Kabyè ». Ce n’est pas chaque week-end qu’on a la chance d’être la cible des soutiens de Faure Gnassingbé. Tout ça parce que je pointe du doigt « CES Kabyès qui manipulent sur l’axe ethnique et sur l’axe nord pour conserver le pouvoir ». Je comprends que certains peuvent se braquer parce que parlant de leur groupe ethnique mais je ne me retrouve pas dans cette volonté habituelle de me mettre en conflit avec LES Kabyès au moment où je parle de CES Kabyès.
En français, le mot CES est un adjectif démonstratif. En grammaire française, un adjectif démonstratif (ou déterminatif démonstratif) est une sous-catégorie de déterminant défini, ajoutant à l’actualisation du nom noyau, une idée de monstration. Il sert donc à indiquer le représenté du syntagme. Je ne peux pas être tenu responsable des carences grammaticales de mes interlocuteurs ou de leur empressement à trouver de quoi faire de moi leur semblable en mesquinerie et manipulation.
Cette mise au point étant faite, permettez-moi de revenir à la question ethnique en politique au Togo. Il n’y a pas de fumée sans feu.

Chers Cousines et Cousins,

Dans un article intitulé L’IDEE REPUBLICAINE DE LA CONSTITUTION EN AFRIQUE FRANCOPHONE, rédigé par Christian Eninam TRIMUA, il relavait qu’ « au-delà du temps nécessaire à l’acclimatation africaine de la démocratie et son passage d’une démocratie nominale affirmée à une démocratique pragmatique vécue, c’est le culte républicain de la démocratie pluraliste et sa typologie classique des régimes politiques qui semble constitué la difficulté d’une adhésion apparente à l’idée occidentale de la constitution. (…) La pratique constitutionnelle africaine est certes erratique, parfois – et même souvent – déviante (…). Elle en réfute violemment ou par ruse les modalités substantielles parce qu’elle a conscience d’être enfermée dans les carcans rigides de la sécurité constitutionnelle dont elle connait et respecte la supériorité. (…) Il est vrai, à décharge, que la lecture idoine de l’idée constitutionnelle nécessite une psychanalyse profonde des acteurs politiques et des désirs refoulés dans leur subconscient. Ceux-ci ne peuvent être révélés par une simple une lecture évènementielle de la pratique constitutionnelle. Le partage de leur lutte, de leur vision, de leurs ambitions et la participation à la construction de l’ingénierie constitutionnelle sont nécessaires à la compréhension de l’idée intime qu’ils se font de ce que doit être la substance idéale de la constitution sur les terres africaines et explique le rejet de son approche républicaine actuelle. (…) Comme il a été déjà soutenu, en Afrique, la constitution n’est pas contestée dans ses qualités formelles, mais plutôt dans sa substance. Les résistances à la transposition de l’idée occidentale de la constitution en Afrique traduisent une crise de la conception républicaine occidentale du pouvoir politique qui se monarchise et encourage l’ethno-tribalité contre l’indifférenciation sociale républicaine pourtant proclamée (…). Le phénomène ethno-tribal est prégnant en Afrique. Il transcende l’indifférenciation sociale qui sous-tend la conception républicaine de la constitution. Cependant, l’instrumentalisation de ce phénomène dans ce cadre constitutionnel républicain socialement paradoxal en devient menaçante pour la stabilité même de l’édifice républicain ». Il faut faire preuve d’une cécité volontaire pour ne pas voir de quel pays africain l’auteur peint le visage. Ce constat est et reste un secret de polichinelle dans notre rectangle national. Vouloir forcer les gens à taire la question n’est que la volonté d’étouffer une réalité. C’est de la diversion.

Chers Cousines et Cousins,

Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements. C’est justement pourquoi lorsque l’on veut toucher du doigt le problème ethnique les promoteurs crient au loup et accusent ce qui dénoncent de vouloir jouer aux pyromanes. Une certaine façon de nous pousser à la culpabilité.
La stratégie du pouvoir consiste à faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts car comme quoi la vie est belle et comme rien ne se passe nous devons circuler car il n’y a plus rien à voir. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système politique sur fonds baptismaux tribaux, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution. Et pas de révolution le statu quo de la discrimination ethnique et tribale. Le cliché se cache devant un mur de slogans à l’unité nationale sur fond d’une mobilisation d’ethnies alliées d’une partie du nord et de quelques faire-valoir recrutés dans des préfectures du sud qu’on peut exhiber fièrement. C’est une façon bien cynique de présenter l’arbre qui cache la forêt.

Chers Cousines et Cousins,

La Commission nationale spéciale d’enquête indépendante, créée par les autorités togolaises pour enquêter sur les violences survenues au Togo avant, pendant et après l’élection présidentielle du 24 avril 2005, relevait dans son rapport que les leaders politiques des deux camps — la mouvance présidentielle et la coalition de l’opposition radicale — ne peuvent prétendre ignorer le développement inquiétant du phénomène récurrent de l’intolérance politique, ethnocentriste, régionaliste, et xénophobe durant ces événements dramatiques. Parlant de l’environnement politique national, le rapport de ladite Commission renommée Commission Koffigoh relève que « tout au long de son histoire la question des déséquilibres régionaux induits à l’époque de la traite et à l’époque coloniale a toujours été au cœur du débat politique et des luttes politiques. Aucune solution durable n’a été mise en œuvre par tous les régimes qui se sont succédé au Togo de sorte que la question ethnique a été souvent instrumentalisée aussi bien par les élites que par les hommes politiques à des fins personnelles. Tout indique à la lecture des derniers évènements survenus dans notre pays avant, pendant et après l’élection du 24 Avril 2005 qu’une grande confusion règne à cet égard dans le subconscient collectif. C’est ainsi qu’on peut expliquer certains dérapages qui ont pris des allures à la foi xénophobes et ethnicises ». Ce rapport a été confirmé par celui de l’équipe des Nations Unies qui relevait aussi que « le Togo a connu dès le début de son existence, un climat politique controversé et jalonné de violences politiques. Le pays a été une colonie Allemande de 1889 à 1919. A la suite de la défaite de l’Allemagne, à la fin de la première guerre mondiale, le territoire a été partagé entre la France et l’Angleterre. La partie confiée à la Grande-Bretagne a été intégrée au Ghana. Ce lourd héritage colonial a influencé l’évolution de la société Togolaise et provoqué des clivages entre les populations du nord et du sud. Sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, un référendum a été organisé permettant au Togo d’accéder progressivement à l’autonomie en tant que République intégrée à la France. En 1960, le Togo accède à l’indépendance. Son premier Président, Sylvanus Olympio est assassiné en 1963 au cours d’un coup d’Etat auquel des militaires originaires du nord du pays notamment de l’ethnie kabyé ont joué un rôle décisif qui a placé au pouvoir M. Nicolas Grunitzky. En 1967, le deuxième Président du Togo est renversé par des militaires mettant au pouvoir le Général Gnassingbé Eyadema, militaire originaire du nord qui selon les observateurs de ce pays, serait à l’origine du premier coup d’Etat. En 1969, M. Gnassingbé Eyadema fonde le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), l’unique parti autorisé jusqu’en 1991. (…) Selon les informations recueillies, l’ethnie Kabyé et les partisans du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) auraient été systématiquement favorisés par le Président Eyadema pour occuper les postes de responsabilité au niveau de l’armée, de l’administration et les hautes institutions de l’Etat togolais. L’armée togolaise grâce à laquelle l’ancien Président a pu asseoir son autorité serait malgré sa composition multi-ethnique au niveau de ses structures et de sa hiérarchie particulièrement favorable aux officiers originaires du nord ». Aucune solution durable n’a été mise en œuvre depuis l’arrivée de Faure Gnassingbé au pouvoir sinon que l’abîme continue par s’agrandir. Nous reprocher de dénoncer cela n’est que de la pure diversion.

Chers Cousines et Cousins,

Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles en gardant son attention distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser ; de retour à la ferme avec les autres animaux.
Comme le souligne Michel Brunner, certes, la manipulation a toujours existé. Depuis que la vie en société s’est instaurée, depuis que des êtres humains exercent un pouvoir sur les autres, il y a toujours eu des manipulateurs et des manipulés. C’est une évidence, et c’est, il faut bien le dire, un des travers, l’une des conséquences de la vie en groupe. Mais, si la manipulation a toujours exercé sa fâcheuse et détestable manœuvre sur les générations précédentes, elle le fait aujourd’hui avec une réussite si je puis dire, qui doit nous inquiéter, nous alerter. Oui, la manipulation de masse est plus vivante que jamais, plus tenace, même, et continue d’envahir notre quotidien. Elle n’hésite pas à s’affranchir des règles qui devraient pourtant accompagner, organiser, la vie en société, en ce début de 21e siècle. Des prédateurs se servant de leurs ethnies pour conserver le pouvoir circulent librement et ne veulent pas être interpellés en faisant passer ceux qui dénoncent pour une menace à une unité nationale qui n’est en fait qu’un mirage.

Chers Cousines et Cousins,
Pour reprendre quelqu’un, je dirai que le conspirationnisme ethnique à des fins de conservation du pouvoir politique n’est pas un phénomène anodin. Les risques qu’il crée sont réels. Il ne se contente pas de miner le débat démocratique, mais présente de vrais dangers de violence. Le problème doit-être pris à bras-le-corps par nous tous : les pouvoirs publics, la société civile et la classe politique.

Chers Cousines et Cousins,

Je ne vais pas permettre à qui que ce soit de verrouiller le débat démocratique sur la manipulation ethnique orchestrée par le pouvoir togolais et plus principalement CES Kabyè, et non LES Kabyè, qui prétendent avoir appris des années 90 et se disent prêts à en découdre avec quiconque les indexe. Les années 90 tous les gens du Nord en ont beaucoup appris tout comme l’année 2005. Mais parfois on peut apprendre d’une situation mais de façon bête. De façon bête car si on continue de poser des actes similaires à ceux posés avant les années 90 et qui justifient le malaise vécu durant les années 90 alors il ne faut pas croire que par ses propres turpitudes on ne va pas rééditer le scénario désobligeant des années 90. Raison de plus pour faire profil bas et écouter ce qu’on vous propose. Ce n’est pas en rendant un sujet tabou qu’on le règle. On lui donne plutôt l’opportunité de couver et la ponte devient irréversible.

Chers Cousines et Cousins,

Ceci n’est que l’apéritif. Je reviendrai pour vous raconter le calvaire de quelqu’un du Nord qui refuse de faire la compagnie des chantres du système au pouvoir. Comme le rappelle Me François Boko, les Kabyè qui ne cautionnent pas ces genres de barbaries et atrocités destinées à conserver le pouvoir ne sont pas plus frustrés que les autres togolais victimes également du régime. Mais cela ne fait que montrer le sort réservé à ceux des Kabyè qui refusent de jouer le jeu de CES Kabyè. La vérité blesse mais ça fait du bien, mentir c’est faire reculer les siens.
Si vous n’êtes pas contents de me voir aborder ce problème alors considérez que vous avez un problème. PAS DE POLEMIQUES.

Votre Cousin,
Papa Khadidja

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