Conseiller au sein du parti Union des Forces du Changement (UFC), Dr Ekue Folly Gada, a passé en revue les derniers développements de l’actualité sociopolitique au cours d’une interview exclusive qu’il ait accordé à la rédaction de INFORMATEUR 228. Des sujets comme : les raisons du retrait de l’UFC de la CENI, l’UFC et les législatives, la position de la C14 au processus électoral en cours … ont été abordés. Lisez plutôt !

Bonjour Dr Ekue Folly Gada

Bonjour cher ami ! J’aimerais par le truchement de votre organe saluer les Togolais, en particulier les leaders politiques nationaux ainsi que les acteurs étrangers qui sont de près ou de loin impliqués à quelque degré que ce soit dans la résolution de notre crise.

Vous êtes l’un des conseillers du président national de l’Union des forces de changement (UFC), M. Gilchrist Olympio. Comment se porte votre parti ?

L’Union des Forces de Changement vit, vous le savez, une conjoncture particulière de son histoire où elle est obligée d’aller de nouveau vers des populations qui hier faisaient corps avec elle, pour leur donner enfin les explications qu’elle n’a pas su leur fournir il y a de cela quelques années concernant les raisons profondes de la signature de l’accord politique avec le RPT, et pour leur démontrer qu’en réalité elle ne les a jamais trahies et que même son actuel positionnement politique s’inscrit toujours dans l’optique de la lutte pour la justice sociale et l’Ablodé au Togo.

Et je vous assure que connaissant la mémoire à la fois volatile et figée du peuple togolais, c’est une mission sacrée difficile. Toutefois, avec les bons éléments de langage et une bonne stratégie de communication et d’action politique, nous y arriverons. Le plus important c’est d’être convaincu de ce que l’on fait et de s’investir réellement pour l’intérêt du peuple dans les combats du développement socio-économique et de la renaissance culturelle de notre pays et de toutes ces communautés. C’est cela aussi le sens profond de l’Ablode.

Dr, quel est votre regard sur le processus électoral en cours ?

Le processus électoral en cours est sans doute l’un des plus tumultueux de la IVème République. C’est une situation extraordinaire, puisque malgré la facilitation et l’arbitrage de la CEDEAO, ce processus évolue au gré des conflits et des contestations micro-thématiques, au gré de l’agitation populaire et de l’absence de confiance entre les acteurs. Mais surtout, et c’est ce qui est plus dommageable pour notre pays, il est marqué parbeaucoup d’inimitié et de haine entre Togolais. Je crains que ce ne soit l’énième processus électoral que les Togolais regretteront plus tard d’avoir mal négocié oumal géré, comme c’est le cas des processus électoraux de 1999 et de 2002 dont nous connaissons tous les conséquences sur la vie politique du pays post-2005.

Quelles sont les vraies raisons de la démission du membre de l’UFC de la CENI ?

Nous avons entendu beaucoup de spéculations dans l’opinion sur les raisons de la démission de notre représentant à la CENI, Me Jean-Claude HOMAWOO. Certaines complètement fausses, d’autres partiellement vraies … J’avoue que l’espace que vous m’offrez ici est singulièrement insuffisant pour que je vous expose en détails les éphémérides des évènements et des discussions qui ont eu lieu du mardi 6 au jeudi 8 novembre 2018 d’un côté entre certains Chefs d’État de la Cedeao et le Président National de l’UFC, M. Gilchrist Olympio l’UFC, et d’autre partentre ce dernier et certains représentants de l’État togolais dont le Chef de l’État, M. Faure Gnassingbe, lui-même, le Président de l’Assemblée Nationale, M. Dama Dramani, et enfin M. Solitoki.

Ce que je peux donc vous dire et qui est absolument correct c’est que si l’UFC a accepté de quitter la CENI, ce n’est ni sur injonction de la C14 ni sur ordre de l’Unir ou du Gouvernement, chose qui était impossible puisque la Loi togolaise couvrait amplement l’UFC. C’est plutôt par l’action discrète et diplomatique de la Cedeao qui a reconnu que l’UFC est effectivement un parti d’opposition parlementaire, statut aujourd’hui incontesté, mais qui a expressément sollicité le sacrifice de notre parti pour sauver le processus électoral. N’oubliez pas que la CEDEAO y joue aussi sa crédibilité, et que l’UFC s’est engagée à ne pas entraver sa médiation…

Cette nouvelle donne ne va-t-elle pas fragiliser votre parti ?

Je ne pense pas du tout que ce sacrifice noble, qui d’ailleurs a été demandé par une certaine opinion nationale, soit aujourd’hui la cause d’un nouvel étage de fragilisation de notre parti. Je suis plutôt convaincu que cet acte a grandi l’UFC. Surtout, notre retrait a montré aujourd’hui à l’opinion que contrairement à ce que certains scandaient durant tout le mois d’octobre, ce n’est véritablement pas l’UFC qui constituait le blocage au processus s’il y en avait un…Nous sommes partis de la CENI sur sollicitation de la CEDEAO pour permettre à la C14 de participer finalement au processus en cours. Mais voilà que juste au moment de notre sortie, de nouveaux arguments de blocage, ma foi plus sérieux et coriaces, ont fait jour. Et ce sont ces arguments qui déterminent aujourd’hui le lancement par la C14 de nouvelles manifestations populaires dans le pays ; ce que le maintien de l’UFC à la CENI n’avait pas du tout déterminé … Vous comprenez un peu… !!! Comme quoi, le vrai problème était ailleurs …

Que pensez-vous de la position adoptée par C14 face au processus électoral ?

D’abord, à moins que je ne me trompe, la C14 a couru un risque énorme en lançant un mot d’ordre demandant aux populations de boycotter le recensement. Je ne l’aurais affirmé si le recensement avait au moins connu leur participation et que c’est seulement le scrutin lui-même qu’ils boycottaient pour d’autres raisons. Tous savent que le recensement a été demandé par la CEDEAO parce qu’il y avait un contentieux sur la fiabilité du fichier électoral. Surtout, pour une fois, le pays allait bénéficier de l’expertise étrangère commise par la Communauté pour faire un audit complet du fichier et l’authentifier. Et nul ne devait préjuger du sérieux de ces experts-là, à moins que l’on soit dans la contestation systématique de tout à l’exception des seules choses que l’on a faites soi-même.

Ensuite, il faut noter que les élections avaient été recommandées par la Cedeao depuis le 31 juillet 2018, la même Cedeao qui a demandé la recomposition de la CENI et qui a sollicité express le sacrifice de l’UFC pour sauver ce processusqu’elle suit minutieusement. Or c’est toujours cette Cedeao qui, dernièrement, avait opposé un refus à l’exigence de la C14 d’annuler tout le recensement qui avait été fait et de repousser la date des élections au-delà du 20 décembre. Si donc la C14 appelle au boycott des élections et met à exécution un plan pour les compromettre, c’est finalement elle qui s’oppose à la médiation de la Cedeao et qui risque d’avoir à dos toute la Communauté mais aussi le G5 et bien d’autres partenaires discrets de notre le pays. En tout cas, si le passage en force du gouvernement réussissait, ce serait bien la C14 qui aura perdu…  et tout perdu je pense …

Le gouvernement vient d’introduire un nouveau projet de loi sur les réformes constitutionnelles à l’Assemblée Nationale. Quelle appréciation faites-vous du texte du gouvernement ? Ce texte a une chance d’être voté ?

Cette question des réformes, rappelons-le, est en discussion au Togo depuis des années. Aujourd’hui elle revient au-devant de la scène politique avec la présence d’acteurs internationaux qui supervisent minutieusement la situation. Il me semble donc qu’en général, le Togo est à quelques-pas d’un miracle…

Ceci dit, revenons au texte lui-même. En tant que technicien, je dirai qu’il doit être amélioré pour répondre à toutes les complexités du cas togolais. En tant que politique, je vous dirai qu’il n’est pour l’instant qu’un simple avant-projet de loi qui attend encore de passer par la Commission des Lois et ensuite à la plénière avant d’être soumis au vote. Du coup, je me réserve le droit de me prononcer plus tard et de manière circonspecte sur la mouture qui sortira du processus parlementaire d’amendement.

Votre parti va participer aux législatives du 20 décembre prochain ?

L’UFC participera aux élections du 20 décembre si la CEDEAO ne décidait pas de leur report. Nous vous l’avions dit : nous accompagnons sans entrave le processus de la CEDEAO. Nous resterons cohérents, car si nous n’avions que peu de considérations pour les Chefs d’État de la sous-région, c’est sur la question de notre retrait de la CENI que nous leur aurions tenu insolemment tête. Par conséquent, l’UFC se prépare dans la perspective du 20 décembre, mais serait disposée à attendre encore volontiers si la Cedeao décidait de les reporter à l’année prochaine. Aucun problème. Nous comptons revenir plus conséquemment sur la scène politique nationale. Nous ne pouvons pas boycotter les législatives : c’est le péché capital en démocratie.

Interview réalisée par Elom ADABE

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