Douze (12) organisations de la société civile togolaise apportent leur soutien au peuple malien après la démission du président Ibrahim Boubakar Kéita. À travers une déclaration commune publiée le dimanche 23 août 2020, ces OSC saluent le caractère républicain de l’armée malienne et condamne les prises de position de la CEDEAO.
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MOUVEMENTS ET ASSOCIATIONS
ALCADES – APVT – ASVITTO – GCD – GLOB – FDP – FJD – LTDH – MCM – MJS – SEET – UJDEB
DECLARATION DES MOUVEMENTS ET ASSOCIATIONS DE LA SOCIETE CIVILE DU TOGO EN SOUTIEN A LA BRAVOURE ET A L’INGENIOSITE DU PEUPLE FRERE DU MALI
Les mouvements et associations de la société civile du Togo à savoir : Association de Lutte Contre l’Analphabétisme pour le Développement Social (ALCADES), Amis des Populations Vulnérables du Togo (APVT), Association des Victimes de la Torture au Togo (ASVITTO), Galaxie Citoyenne pour la Démocratie (GCD), Groupe des Leaders d’Opinion à la Base (GLOB), Flambeau Du Peuple (FDP), Fédération des Jeunes Démocrates (FJD), Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH), Mouvement Conscience Mandela (MCM), Mouvement pour la Justice Sociale (MJS), Synergie des Elèves et Etudiants du Togo (SEET), Union des Jeunes pour le Développement à la Base (UJDEB-TOGO), tous régulièrement déclarés et enregistrés au Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales (MATDCL), déclarent ce qui suit :
Dans la nuit de mardi à mercredi 19 août 2020, le Président malien Ibrahim Boubakar Kéita annonce sa démission, ainsi que la dissolution du Parlement et du gouvernement sur les antennes de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM).
Cette démission intervient à la suite des manifestations engagées par le peuple malien conduit par le Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali (M5-RFP) regroupant des organisations de la société civile et des formations politiques, et dénonçant dans un ras-le- bol, ensemble avec les militaires composant le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), la mauvaise gouvernance du président Ibrahim Boubakar Kéita, caractérisée par le clientélisme politique, la gestion clanique et familiale des affaires de l’Etat, la gabegie, le vol, l’arbitraire, une justice aux ordres du pouvoir et en déphasage avec les citoyens, une éducation nationale qui patauge, les massacres de villageois, le terrorisme et l’extrémisme, tous maux qui minent aussi nos pays, dont le Togo.
Quelques heures après cette démission, le CNSP a, dans une déclaration, invité la société civile et les mouvements socio-politiques à le rejoindre pour, ensemble, créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau.
Les mouvements et organisations signataires de la présente déclaration, adressent un message de salut militant et une motion de soutien au peuple frère du Mali pour sa bravoure, ainsi que l’esprit patriotique et ingénieux dont il fait preuve au cours de cette période caractéristique de la renaissance de la République du Mali en particulier, et des peuples d’Afrique en général.
Nos organisations voudraient en outre saluer le caractère républicain de l’armée malienne ; et tout en réaffirmant le principe que la démocratie proscrit toute conquête du pouvoir par les armes, encouragent les forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), qui ont décidé de prendre leurs responsabilités devant le peuple et devant l’histoire, à poursuivre les discussions avec le peuple et les responsables du M5-RFP, afin d’asseoir rapidement la transition pacifique et politique civile dont l’annonce a été faite dans la déclaration dudit Comité ; il y va de la foi et de la crédibilité du caractère historique et patriotique de l’acte qu’ils ont posé.
Nos organisations regrettent et condamnent la position adoptée et exprimée par la CEDEAO dans la résolution de la crise malienne, et voudraient saisir cette occasion pour attirer l’attention de l’ONU, de l’UA et particulièrement de la CEDEAO sur ce qui advient lorsqu’un régime, se refusant d’être un Etat de droit, bouche et détourne en sa faveur toutes les voies et moyens légaux de conquête, d’exercice et de dévolution du pouvoir politique pour se maintenir aux affaires, y compris les coups de force et les tripatouillages constitutionnels.
Nos organisations exhortent en conséquence toute la communauté internationale, et en particulier la CEDEAO et l’UA, à la levée des sanctions prises contre le peuple du Mali, en vue de l’accompagner dans la mise en place d’une transition politique civile pour une sortie pacifique et durable de cette crise.
Pour nos organisations, la réaction des Maliens est un signal fort adressé, d’abord aux dirigeants africains qui méprisent les aspirations de leurs peuples et les règles de bonne gouvernance, qu’aucun peuple ne pourra l’admettre et le tolérer indéfiniment ; ensuite à la CEDEAO que tant que cette institution ne passera de la CEDEAO des chefs d’Etats à la CEDEAO des peuples, elle perdra aux yeux de ces peuples toute crédibilité et ne pourra intervenir utilement et efficacement dans la gestion et la résolution des crises et des conflits.
Enfin, et dans un élan panafricaniste, nos organisations lancent un appel pressant et patriotique aux peuples d’Afrique, particulièrement d’Afrique de l’Ouest, et plus spécifiquement du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Conakry et du Togo, à mutualiser nos forces et nos savoir-faire pour faire nôtre le message fort d’un des responsables du M5-RFP à l’adresse de la CEDEAO et selon lequel :
« Nous avons pris notre destin en main et que la CEDEAO sache qu’il y est en marche un printemps ouest-africain des peuples ouest-africains contre des gouvernements et leurs syndicats qui violent nos droits… Le combat va continuer et nous allons gagner ce combat contre ce genre de dirigeants à la vue restreinte dans une sorte de dépression administrative, politique et qui restreint nos droits, et qui veut nous comprimer, si ce n’est nous confiner dans leur ignorance totale de l’application de leur propre droit ».
Dans ce sens, nos organisations invitent une fois encore, dans le contexte de la crise postélectorale que vit notre pays le Togo, toutes les formations politiques, les mouvements syndicaux, les organisations de la société civile, les esprits épris de liberté, de justice et de changement, à se départir de toute résignation, de toute rancœur, de toute autoflagellation, et à faire plus preuve de patriotisme, afin de faire triompher l’intérêt national que requiert la résorption de cette crise.
Fait à Lomé, le 23 août 2020,
Pour les Mouvements et Organisations de la Société Civile signataires :
L’ALCADES : le Président, M. Daguerre Komi AGBEMADOKPONOU
L’APVT : le Président, M. Fousseni KPEKPASSI
L’ASVITTO : le Président, M. Monzolouwè B. E. ATCHOLI KAO
La GCD : le Président, M. Bassirou TRAORE
Le GLOB : le Président, M. Koffi DANTSEY
Le FDP : le Président, M. Poro EGBOHOU
La FJD : le Président, M. Aklèsso AGOUZOU
La LTDH : le Président, Me Célestin Kokouvi G. AGBOGAN
Le MCM : le Secrétaire Général du CA, Me Joseph Nadikpa K. AKPOSSOGNA
Le MJS : le Président, M. Issaou SATCHIBOU
La SEET : le Secrétaire Général, M. Basile AMENUVEVE
L’UJDEB-TOGO : le Président, M. Emmanuel H. SOGADJI