Le gouvernement togolais a procédé le 20 mars 2020 à la fermeture des établissements scolaires pour riposter contre la pandémie du Coronavirus. Cette situation a mis le corps enseignant en congé et ce fût le début du calvaire des enseignants du secteur privé qui sont laissés pour compte suite au refus catégorique des fondateurs d’établissement de payer le personnel enseignant de leurs établissements.
Dépassés par le coût de la misère et de mort par suicide enregistrée au seins de la corporation dues aux manques de moyens et la faim, la Coordination des 3 regroupements des Enseignants du secteur privé du Togo (SYNEP- TOGO, EP- TOGO & AEPLED), à travers un communiqué conjoint, décident de boycotter les cours à la reprise suivit d’une grève si les trois mois d’arriérés de salaires ne sont pas payés.
Lisez plutôt !
COMMUNIQUE DE LA COORDINATION DES 3 REGROUPEMENTS DES ENSEIGNANTS DU SECTEUR PRIVÉ DU TOGO (SYNEP TOGO – EP-TOGO- AEPLED) RELATIF A LA PROCHAINE REPRISE DES COURS
Chers Vaillants camarades, nous avions perdu dans le courant de cette lutte commune, notre cher collègue et camarade APELETE. Avant toute déclaration, observons une minute de silence en sa mémoire.
APELETE, paix a ton âme. Nous lutterons pour ta memoire. RIP
Depuis le 20 mars 2020, le gouvernement togolais a procédé à la fermeture des établissements scolaires pour riposter contre la menace sanitaire que constitue la COVID 19.
Dans la foulée, alors qu’il ne restait qu’une poignée de jours pour que les enseignants ne soient en congés, certains fondateurs d’établissements scolaires ont pris pour argument cette décision de fermeture et d’un prétendu non recouvrement des frais de scolarités auprès des parents d’élèves pour refuser de payer les salaires normalement dus aux camarades pour le compte du mois de mars 2020 et par la suite ceux des mois suivants.
Pire, d’autres fondateurs ont suspendu les contrats de travail au mépris des dispositions des articles 54 et suivants du code du travail et ce jusqu’ à nos jours, laissant l’enseignant du secteur privé dans une précarité extrême.
Dans un but pacifique et pour éviter une crise supplémentaire qui n’avantagerait aucun acteur de l’éducation, la coordination, a malgré les pressions des collègues, initier des démarches pour trouver une issue négociée à la crise au travers d’un cadre de dialogue avec tous les acteurs.
Néanmoins, la coordination est au regret de constater que toutes ses démarches se sont révélées infructueuses, mieux, se sont butées à un refus catégorique de dialoguer de la part de nos employeurs, les promoteurs d’établissements scolaires.
La coordination a été trimbalée de gauche à droite pour finir par se retrouver désabusée.
Depuis quelques jours, des préparatifs ont commencé pour une prochaine réouverture des établissements scolaires malgré que la situation des enseignants du secteur privé n’ait été réglée.
Dans cette atmosphère explosive, la coordination est saisie depuis des jours des plaintes concernant les agissements de certains fondateurs, dont les noms seront publiés bientôt, qui ne se gênent pas à menacer ouvertement leurs enseignants de licenciement au cas où ils refuseront de reprendre les cours le ventre vide. D’autres, se préparent à faire recours aux étudiants pour assumer les cours en cas de refus des enseignants privés de salaire depuis des mois de reprendre les cours.
La coordination dénonce ces actes d’intimidations de certains fondateurs à l’égard de leurs enseignants car la réclamation de ses droits les plus élémentaires et légitimes par un employé ne saurait être source d’intimidations et de menaces de licenciement.
Elle rappelle aux fondateurs d’établissements scolaires que leurs enseignants ont faim depuis bientôt quatre (04) mois et il est hors de question de reprendre les cours le ventre vide.
Leurs menaces et intimidations n’entameront en rien la détermination des enseignants à rentrer dans leurs droits. Ils constituent plutôt un motif de nature à envenimer la crise et que la coordination ne saurait plus à l’heure actuelle retenir un enseignant quelconque qui a faim avec sa famille.
Par conséquent, la coordination fait les annonces suivantes concernant la reprise des cours :
1. Premier jour de la reprise : Boycott général de la reprise des cours par tous les enseignants du privé, sans aucune exception, (payés ou non) suivi d’une manifestation pacifique des enseignants du privé accompagnés de leurs femmes et enfants sur toute l’étendue du territoire national pour manifester dans le respect des mesures barrières leur désapprobation face au traitement à nous infligés durant la période de suspension des cours par nos fondateurs et par le gouvernement restés sourd à nos supplications ;
Le même jour, dépôt par les délégués syndicaux d’une lettre de mise en demeure de quarante huit (48) heures pour le paiement des arriérés des trois mois de salaires (mars, avril et mai) à tous les fondateurs n’ayant rien payé.
Nous considérons ces trois mois comme des arriérés de salaire car en absence de toute procédure régulière et légale de suspension des contrats de travail, lesdits contrats produisent toujours leurs effets. La plupart des promoteurs d’établissement ont prétendu avoir suspendu les contrats de travail. Or, il y a une procédure prévue à cet effet par le code du travail. Ces prétendues suspensions de contrat au mépris des dispositions légales n’engagent qu’eux seuls,
2. Deuxième jour de la reprise : Reprise partielle des cours,
3. Troisième jour (expiration des 48 heures de mise en demeure) : En cas de non paiement dans les 48 heures, un préavis de grève d’une durée de cinq jours ouvrables sera déposé à l’employeur et notifié à l’inspecteur du travail et des lois sociales conformément aux dispositions des articles 268 et suivants du code du travail. Cette grève sera d’une durée de quinze (15) jours ;
4. En l’absence de tout paiement dans le délai de préavis, les camarades non payés cesseront le travail pour une durée de quinze (15) jours.
5. Si après cette période de grève, et que les salaires restent toujours impayés, tous les enseignants du secteur privé à tous les niveaux, sans aucune exception, boycotteront les cours et manifesteront avec les familles dans les rues chaque jour jusqu’à la satisfaction du dernier camarade non payé.
6. Néanmoins, la coordination espère que nos employeurs reviendront à de meilleurs sentiments et paieront les salaires dus aux collègues avant la date qui sera fixée par le gouvernement pour la reprise des cours pour éviter que la crise ne s’enlise. A défaut, les enseignants du secteur privé sont prêts pour tout ce qui adviendra.
La coordination voudrait rappeler que l’exercice du droit de grève est un droit fondamental et inaliénable de tout travailleur pour la revendication de ses droits professionnels et par conséquent, son exercice ne saurait constituer un motif de licenciement.
Par conséquent, si un seul enseignant est licencié, tous les enseignants du secteur se lèveront comme un seul homme pour sa cause.
La coordination invite tous les camarades et collègues, du primaire jusqu’au lycée, de Lomé jusqu’ à Cinkassé à se tenir dès maintenant prêts car les jours suivants seront déterminants.
Elle invite tous les délégués syndicaux ainsi que les membres des sections préfectorales et de toutes les coordinations régionales des trois regroupements à maintenir l’alerte pour la lutte.
La coordination invite les camarades enseignants à garder courage et rester mobilisés. Cette fois ci, nous préférons mourir dans la rue, en martyrs avec nos femmes et nos enfants que de continuer par subir l’injustice de nos employeurs et pour que le métier d’enseignant du privé soit dorénavant considéré.
Ensemble nous réussirons !
Fait à Lomé, le 08 juin 2020
Pour le SYNEP TOGO
AGBOVI Yao Tétégnon
Pour l’EP-TOGO
De Souza Stéphane
Pour l’AEPLED
DIABO K. Amen
Par Geoffroy Ayéké