Comme à son habitude, Mohamed MADI Djabakaté, citoyen togolais, politologue de son état, se prononce une fois encore sur l’actualité sociopolitique du pays ce dimanche 03 mai 2020, jour de la prestation de serment de Faure Gnassingbé pour un nouveau quinquennat. Lisez plutôt !
Chers Cousines et Cousins,
Que la paix soit avec vous. Je voudrais commencer le message de ce jour en souhaitant une bonne suite de Ramadan en ce mois à ceux d’entre vous qui sont adeptes de l’Islam. A ceux d’entre vous qui sont en âge de travailler, je voudrais souhaiter en différé une bonne fête du travail même si je continue par m’interroger sur le statut des travailleurs ou des travailleuses de mon pays. Hier, je postais dans le groupe d’échanges des Jeunes Politiques formés par le Centre pour la Gouvernance Démocratique et la Prévention des Crises (CGDPC) qu’au Togo il n’y pas de travailleurs. Il y a des débrouillards. Aucune perspective de carrière si tu ne te rabaisses pas à jouer au lèche cul. C’est triste. Dans le secteur public, tu dois faire profil bas et accepter parfois les humiliations, juste pour pouvoir continuer par garder un emploi pour subvenir aux besoins élémentaires des siens. Dans le privé, tu dois te taire et supporter les âneries de ton employeur car tu ne sais pas où trouver un autre emploi. Pire, il y a des amis très intelligents que j’ai connu lors de mon parcours et qui faute de perspectives réelles se sont résignés pour rejoindre les Forces de Défense et de Sécurité. Les plus responsables y sont et font des gymnastiques pour ne pas se livrer à des pratiques amorales tout en continuant à faire de leur mieux pour accomplir la mission réelle qui devrait être la leur. Les plus faibles d’esprits parmi eux s’adaptent et jouent à fond le mauvais jeu afin de faire carrière. C’est ça le travailleur au Togo : un esclave moderne sans chance réelle de trouver un nouveau maître à servir. Une fois de plus, bonne fête à la majorité des débrouillards togolais. Pensée spéciale aux enseignants du privé qui vivotent dès que les cours s’arrêtent. A cela s’ajoute le cas des enseignants des écoles catholiques. Je vais aller à l’essentiel de mon message de ce jour tout en vous présentant mes excuses pour sa longueur.
Chères cousines et chers cousins,
Aujourd’hui dimanche. C’est un jour où mes cousines et cousins chrétiens rendent solennellement gloire et adoration au Seigneur. Un jour sanctifié et consacré selon certaines croyances judéo-chrétiennes. Même si avec notre nouveau compagnon COVID-19 vous n’êtes plus en mesure de prendre part aux cultes dans vos temples habituels, je reste convaincu que Dieu ne va pas se plaindre d’être invoqué depuis vos maisons. Agenda politique oblige, ce dimanche 03 mai 2020 aura une connotation spéciale car entrant dans l’histoire politique togolaise même si c’est par une cérémonie en catimini et à la sauvette.
Dans le registre politique, en ce jour du dimanche 03 mai 2020 va une fois encore s’écrire une page moins élogieuse de notre histoire. Faure Gnassingbé va prêter serment pour un quatrième mandat à la tête d’une démocratie quoiqu’en construction. Il s’agit une fois de plus, de l’histoire de la confiscation douloureuse de la souveraineté de tout un peuple. Une souveraineté hypothéquée dans le seul but de garantir un pouvoir sans partage et un règne aussi long que possible à un clan dont le mandataire désigné à l’évidence se trouve être depuis plus d’un demi-siècle, de la famille Gnassingbé. C’est bien là l’évidence. La nier serait soit faire preuve de cécité intellectuelle, soit de mauvaise foi maladive. Ce qui en tout cas n’est pas conseillé pour le pauvre pécheur que je suis et qui cherche à travers le jeune du mois de ramadan à alléger son fardeau de péchés.
Lors de mon adresse à vous en date du 22 avril passé, chers cousines et cousins, avant de démontrer l’illégitimité de Faure Gnassingbé qui s’est imposée par la force des armes aux Togolais depuis avril 2005 sinon février de la même année, je mettais en relief ce qui en réalité est sa priorité et donc malheureusement la finalité de toutes leurs actions, lui et ses successifs gouvernements. Dois-je le redire ? Si vous voulez : s’assurer un pouvoir sans partage et procéder à la décapitation de l’opposition. En français facile le retour au parti unique de fait même si dans le droit on affiche un semblant de multipartisme.
Bien entendu, les faits donnent raison à ceux qui étaient du même avis que moi. En effet, d’abord à la merci du hold-up électorale du 22 février 2020 et aux moyens des contorsions arithmétiques, les partis politiques de l’opposition ont été minorés. Soudainement, le Togo fait un comeback à une sorte de parti unique avec un plébiscite de 70,78% de voix attribué au candidat du parti-Etat, UNIR, Faure Gnassingbé. Ce qui sous-entend que s’il y a éventuellement une contestation du pouvoir de celui-ci, il reviendrait à dire que c’est moins de 30% de la population qui se livreraient à la manipulation politique pour dira-t-on, saboter la politique du chef de l’Etat comme certains savent si bien le faire entendre et le faire relayer par des medias de propagande. Bref les voix des oppositions politiques réunies seraient ainsi lamentablement minoritaires et suffisamment négligeables. Ceci devrait offrir une sérénité au parti UNIR et à son candidat dans leur intention de confisquer aussi longtemps que possible le pouvoir. Ensuite, le candidat de la dynamique Mgr KPODZRO, Dr Agbeyomé Kodjo contestant les résultats proclamés de cette élection et prétextant en être le vainqueur a été mis aux arrêts manu militari le 21 avril et au procureur de la République de justifier cette arrestation par « le mépris d’Agbeyomé vis-à-vis de l’autorité judicaire ». Cette déclaration du procureur de la République qui fonde l’arrestation du désormais principal opposant de Faure Gnassingbé sur un argument fallacieux plutôt que sur des faits condamnables par les lois de la République est une preuve suffisante de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Ce n’est en tout cas pas l’acte signé par le doyen des juges d’instruction Awi ADJOLI, formalisant le contrôle judiciaire infligé à Agbeyomé et compagnie qui me démentira. Le pouvoir judiciaire, l’un des piliers garant de la vitalité de la démocratie et de l’observation de l’état de droit se révèle au Togo être non seulement le bras d’exécution de la volonté de Faure Gnassingbé, mais aussi son bouclier.
Chers Cousines et Cousins,
Grâce à la justice en effet, Agbeyomé et ses compagnons de la dynamique Mgr KPDZRO n’ont désormais plus aucun droit de faire de « déclaration tendant à la mise en cause des résultats du dernier scrutin présidentiel du 22 février 2020 » ; l’ordre leur a été en outre intimé d’éviter « tous propos, déclarations, ou attitudes tendant à remettre en cause et à saper l’ordre constitutionnel et institutionnel existant ». Qu’est-ce que la justice togolaise peut être ingénieuse et innovante au point de s’inviter dans le règlement d’un contentieux électoral ! Que les doués de la chose juridique nous y apportent de la lumière. Mais en attendant, une certitude se dégage : la justice une fois encore, vole au secours du pouvoir vacillant de Faure Gnassingbé comme l’armée l’a toujours fait et dont le pic de ses actions en ce sens a été atteint en 2005, 2017 et 2018.
Voyez-vous donc, chers cousines et cousins, pourquoi je ne cesse de dire qu’étant en mal de légitimité, Faure Gnassingbé grâce à sa main mise sur les institutions de la République s’appuie sur les ressorts de la légalité pour asseoir son règne ?
Chers Cousines et Cousins,
Je n’ai pas la prétention de vous conter l’histoire politique du Togo. Alors de grâce, n’en ayez pas l’impression. D’ailleurs si je me donne à l’exercice, c’est en réalité plus pour la postérité que pour mes contemporains. Et je l’avoue, l’un de mes objectifs en me donnant à l’écriture, c’est que plus jamais, l’histoire politique de notre pays le Togo ne soit tronquée. C’en est assez ! Le chasseur a trop écrit l’histoire de la forêt. Le lion doit la réécrire pour rétablir un tant soit peu, la vérité.
Ce que je voudrais par ailleurs relever est une interrogation à laquelle je nous inviterai tous à trouver de réponse. L’objectif, il faut le dire, n’est pas seulement de trouver une réponse à cette question mais surtout de partir de cette réponse qui sera trouvée pour esquisser une réflexion sur comment affranchir le Togo au bénéfice de toutes ses filles et de tous ses fils ; qu’ils soient sur le territoire national ou qu’ils vivent en terre étrangère.
Chers cousines et cousins,
Qu’il vous plaise de me dire comment sommes-nous arrivés à ce point de la gouvernance sinon de la domination que nous décrions tous ? Même y compris ceux qui se réclament de l’UNIR. Je le dis en toute sérénité parce que ceux de ce parti qui savent encore assumer leur propos vous le diront même en public : les institutions dites de la République ne sont véritablement pas républicaines au Togo. Elles sont aux ordres. Pour ceux d’entre eux qui ont peur pour leur vie, leur boulot ou pour tout autre chose dont on ne connait forcément pas la nature, vous le diront en privé. Je ne parle pas ici de la gouvernance économique avec son lot d’infortunes (corruption, détournement impuni de deniers publics…), non ! Ça crève l’œil, ça ! Je parle du fonctionnement des institutions dites de la République. Comment tout un peuple en principe détenteur de la souveraineté est arrivé à en être dépourvu et ses droits les plus élémentaires sont au surplus foulés aux pieds ?
En y réfléchissant, je voudrais faire mienne, chers cousines et cousins, cette préoccupation soulevée par Etienne de la Boétie dans son discours de la servitude volontaire dont la teneur suit : « je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a de pouvoir de nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir, de voir un million d’homme misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d’un qu’ils ne devraient pas redouter puisqu’il est seul ; ni aimer puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel ». En contextualisant cette préoccupation, je voudrais dans un premier temps attirer notre attention sur le degré de responsabilité qui est le nôtre individuellement et/ou collectivement en tant que citoyen togolais dans le pourrissement et dans la désagrégation du système de gouvernance par lequel le Togo est régenté et par conséquent sur la continuelle érosion du tissu social. Mais ensuite, je voudrais surtout faire mettre en lumière de façon schématique, le rôle qui est celui du pouvoir judiciaire dans une démocratie, mais qui depuis toujours n’a jamais joué, encore moins assumés ces deux pouvoirs au point où on pourrait s’interroger à raison sur l’opportunité de l’étiquette de pouvoir qu’on leur donne tandis qu’ils se révèlent être des coquilles vides ou mieux, des marionnettes aux bottes de l’exécutif.
Chers Cousines et Cousins,
Aujourd’hui, Faure Gnassingbé prête serment pour un quatrième mandat à la suite d’une élection qu’il n’a pourtant pas remportée. Déjà qu’il est quasiment difficile voire impossible de défendre, tête sur les épaules, en tout honneur et avec probité intellectuelle et morale, le bilan de ses quinze années passées à la tête de ce pays. Je ne suis toutefois pas dans le déni de ces mitigées ‘‘progrès’’ réalisés çà et là dans l’immense chantier de construction de l’idéal démocratique togolais. Des progrès qu’on pouvait sans exagération comparer à un arbre planté en plein cœur de désert en saison sèche de surcroit, lui donnant paradoxalement le nom de forêt. Et pourtant l’idéal démocratique dont la construction s’impose à nous en impératif est somme toute, le préalable de tout projet de développement socioéconomique et culturel quel qu’il soit. Comme pour caresser la bête dans le sens du poil : « Faure Gnassingbé a fait des efforts », nous laissent entendre ses vuvuzelas inconditionnelles et ses griots assermentés. Et dire que tous n’ont pas le privilège de goûter aux joies de la minorité, subissant eux-aussi, les affres de la misère et de l’injustice sociale, conséquence directe de la gestion calamiteuse du Pays qui est faite par Faure et compagnies. C’est donc au nom d’efforts prétendument réalisés, il n’est rien de bien grave pour certains concitoyens, de voir sacrifier et de tronquer l’expression de la souveraineté du peuple sur l’autel du culte de la personnalité.
Plus effarant, jamais personne n’évoque le crime que Faure Gnassingbé a commis en 2005 dans l’unique but d’étancher sa soif du pouvoir, en renversant non seulement dans un premier temps le régime constitutionnel établi, mais aussi en marchant sur le corps de plus de 500 togolais tués lors de la crise électoral de la même année. Crime que notre constitution qualifie d’imprescriptible en son article 148 quelle que soit la version consultée. C’est-à-dire, que l’on veuille se référer à la version originelle de 1992 ou qu’il lise la version toilettée de 2002 ou encore la version frelatée de 2005 ou enfin celle reformée de 2019, les actes posés par Faure Gnassingbé et compères restent un crime imprescriptible donc ineffaçable sous quelque prétexte que ce soit. Cet aspect monstrueux et funeste du bilan de Faure Gnassingbé semble échapper à la justice qui devrait en principe s’autosaisir. Certes, j’ai relevé un peu plus haut le rôle trouble que joue la justice togolaise pour le maintien au pouvoir de Faure Gnassingbé en dépit de son illégitimité avéré. Mais concernant les faits ci-dessus mentionnés relativement au crime de 2005, je voudrais naïvement croire qu’ils étaient méconnus du procureur de la République. Alors, tout en supposant que cette épisode de l’histoire politique de notre pays lui aurait échappé, je voudrais par ici me faire le devoir de le lui conter pour toutes fins utiles. Point n’est besoin que je revienne sur les multiples et répétitives violations de la sacralité de la vie humaine ainsi que des droits de l’homme sur lesquelles la justice devrait réagir promptement en s’autosaisissant mais hélas ! Les nombreuses fois où les forces de défense et de sécurité ont torturé, et tué impunément au grand mépris de l’article 21 de notre constitution, le pouvoir judiciaire a été muet et invisible. Les nombreuses fois où le président imposé aux Togolais a foulé aux pieds notre constitution alors même qu’il est dit être le garant du respect de la constitution.
Chers Cousines et Cousins,
Ce dimanche 03 mai, ce même qui n’a eu de cesse de violer la constitution, se retrouvera devant le juge constitutionnel, qui au passage n’existe que de nom, pour prêter serment en ces termes : « Devant Dieu et devant le peuple togolais, seul détenteur de la souveraineté populaire,
Nous…, élu Président de la République conformément aux lois de la
République, jurons solennellement :
– de respecter et de défendre la Constitution que le Peuple togolais s’est librement donnée ;
– de remplir loyalement les hautes fonctions que la Nation nous a confiées ;
– de ne nous laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine, de consacrer toutes nos forces à la promotion du développement, du bien commun, de la paix et de l’unité nationale ;
– de préserver l’intégrité du territoire national ;
– de nous conduire en tout, en fidèle et loyal serviteur du peuple ». » Des mots pourtant chargés de symboles et de sacralité, cependant banalisés par des pratiques tyranniques antidémocratiques. Allons-y seulement.
Chers cousines et cousins,
Face à toutes ces forfaitures non fortuites mais plutôt planifiés à dessein, le silence de la représentation nationale soi-disant n’est pas moins sidérant. L’Assemblée nationale pourtant détentrice du pouvoir exécutif et dont l’un des rôles est de contrôler l’action du gouvernement. Le pouvoir législatif, sans vouloir rentrer dans les détails des théories de Montesquieu, est l’un des principaux pouvoirs dans une république qui se fait le contrepoids du pouvoir exécutif et judiciaire afin de garantir et de préserver les libertés fondamentales de chaque humain et d’œuvrer ainsi pour son plein épanouissement. Malheureusement, les députés de notre Assemblé nationale, toute législature confondue semblent ignorer ce qu’est leur véritable rôle. Mieux, ils se révèlent être l’un des pieds d’achoppement du processus démocratique au Togo. Le militantisme partisan a érodé toute valeur républicaine et patriotique au sein de la représentation nationale. Prenons juste deux exemples de députés pour illustrer leur rôle trouble dans le processus démocratique au Togo. D’abord je voudrais d’abord citer les députés ayant sauté le verrou de la limitation des mandats présidentiels en modifiant la constitution sous le lead de mon oncle Fambaré Ouattara Natchaba en 2002. Dois-je ajouter que c’est par leur faute que le Togo a connu des violences en 2003, 2005 et jusqu’à récemment 2017 et 2018 ? Dois-je dire qu’ils ont contribué à la privatisation pour le compte du parti au pouvoir, des organes de gestion des élections ? En tout cas, c’est un secret de polichinelle. A l’époque, certains pouvaient dire qu’ils en sont arrivés là parce qu’étant une assemblée monocolore.
Que dire donc des députés de la présente législature ? Cette Assemblée nous offre au moins une configuration qu’on peut dire multipartiste. Outre le parti présidentiel UNIR, nous y trouvons des partis dits de l’opposition ainsi que des candidats dits indépendants. Mais le scrutin du 22 février passé a en réalité donné l’occasion à tout observateur avisé de se rendre compte qu’en réalité, à quelques exceptions près, il s’agit d’une assemblée nationale monocolore.
En effet, la période de la campagne électorale a permis de voir que la plupart des parti politiques dit opposition parlementaire, ont ouvertement avoué leur soutien au candidat de l’UNIR, Faure Gnassingbé et ont pour ce fait, battu campagne pour lui. Ceux d’entre eux qui ont voulu garder le suspens sont arrivés à se dénouer la gorge à la proclamation des résultats provisoires par le CENI.
Malgré cela, chers cousines et cousins, je me garde de répéter comme cela s’est longtemps fait entendre dans l’opinion, que ces députés ont été nommés et donc dépourvus de toute légitimité. Comme pour donner raison aux défenseurs de cette thèse, Faure Gnassingbé pour la toute première fois qu’il a jugé opportun de respecter la disposition de l’article 74 de notre constitution, a choisi le faire devant cette assemblée décriée et jugée illégitime elle aussi. Pure coïncidence n’est-ce pas ? Cette assemblé qui lui a garanti l’impunité et prescrit tous les crimes dont il pourrait être accusé. A ce qu’il parait, cela est fait dans un élan patriotique pour donner des chances à la réconciliation nationale, cet enfant mort-né depuis des lustres, et à l’alternance jusqu’ici chimérique. Passons !
Mais dites-moi, chers cousines et cousins, comment des députés se comportant comme certains agents peu responsables de la fonction publique qui à peine recrutés perdent de vue le devoir qui leurs incombent en s’intéressant qu’à leur salaire et avantages tout en espérant une retraite future peuvent-ils contrôler l’action de l’exécutif et rendre dynamique la vie politique au point d’ancrer les pratiques démocratiques ? A quelques exceptions près, toute l’assemblée nationale a fait allégeance à Faure Gnassingbé en battant campagne pour son élection à un quatrième mandat. Quel cran aura-t-elle pour interpeller l’exécutif en cas de dérapage ou d’abus de pouvoir ?
Au risque de vous faire lire un essai plutôt qu’un message à vous adresser, chers cousines et cousins, je voudrais réveiller en nous tous cet être raisonnable et doté du bon sens afin que nous comprenions enfin qu’il n’y a pas d’oppression que nous ne nous ayons pas nous même infligée. Comme dirait l’autre, chaque peuple mérite ses dirigeants. Alors, faisons l’effort de mériter mieux. Faisons l’effort de reprendre notre dignité là où nous l’avons abandonnée. Je remercie tous ces jeunes togolais avec qui j’ai la chance d’échanger et qui n’ont pas froid aux yeux pour afficher leur indignation.
Cinq années de plus ? Ça parait long mais si individuellement chacun décide de créer les conditions d’un changement, ce sera court.
Papa Khadidja
Votre Cousin